LE NOUVEAU BENIN

Commerce des faux médicaments : La mort au bout de la thérapie (Lire des témoignages exclusifs)

Aube Nouvelle | 14 octobre 2009 | 13 : 54

Un médicament non prescrit par un spécialiste et qui est utilisé après le conseil d’un ami ou d’un parent est dangeureux. Plus encore, s’il est vendu aux abords de la route, ou dans un marché dans des conditions peu fiables. La commercialisation des médicaments illicites, c’est-à-dire qui ont échappé au contrôle est un crime, parce que dangeureux pour la santé humaine. En plus de ces médicaments illicites, il faut ajouter les infusions qui chargent les reins et les détruisent. La conséquence, c’est l’insuffisance rénale avec ses corollaires de maladies de toutes sortes. Face à ce drame, la rencontre internationale de Cotonou qui a réuni plusieurs chefs d’Etat africains et de nombreuses personnalités, sur la lutte contre les faux médicaments vient à point nommé.

Par : Matini MARCOS

Le commerce des médicaments dans les rues, aux abords des grandes artères de Cotonou, de Porto-Novo et de Parakou, par les vendeuses qui n’ont aucune notion de médécine, encore moins de pharmacologie, crèvent l’œil. Ces médicaments n’ont aucune garantie, et sont nocifs à la santé humaine. Bien que les textes en vigueur interdisent le commerce des médicaments dans les rues, personne ne s’en offusque. Parfois, on assiste à des saisies timides de ces médicaments par des agents de la santé publique. Le paradoxe est que ces vendeurs, le lendemain, sont plus nombreux, aux abords des rues et dans les marchés. Au marché international de Dantokpa, il existe des espaces consacrés à la vente des médicaments qui se présentent comme des « pharmacies en plein air qui sont approvisionnées avec des produits pharmaceutiques venus du Nigéria. Le commerce sur le marché noir des produits pharmaceutiques est connu de tous, mais doit sa prolifération à la pauvreté des populations. Une descente au marché international de Dantokpa, a permis de rencontrer certains clients qui y étaient venus s’approvisionner. Les clients qui ont bien voulu se prêter à nos questions sont unanimes sur la cherté des produits en pharmacie, tandis que le pouvoir d’achat est très bas. En se prononçant sur les impacts négatifs que la consommation des faux médicamants ou médicaments illicites peut avoir sur la santé humaine, certains clients prétendent que les médicaments ne sont mauvais que mais quand on ne suit pas les prescriptions écrites sur leur notice. Pour d’autres, ces médicaments, venus du Nigéria, que certains déclarent être de faux médicaments sont pourtant consommés par les populations de ce pays. Quant aux commerçants rencontrés dans lma place aux médicaments dénommée « Adjégounlè », ils ont eu pour toute réponse, les injures, le dédain, la colère et les menaces. En fait, les commerçants de ces médicaments frauduleusement vendus savent qu’ils tombent sous le coût de la loi. La preuve, les médicaments de grande valeur ne sont pas exposés au grand air. C’est à la demande du client que la commerçante se faufile entre les cartons pourfaire sortir le médicament demandé. Plus de 10ans que ce commerce perdure sans que les mis en cause soient inquiétés. Au nom de la pauvreté. Le Ministère de la santé, par le passé, se limitait aux campagnes de sensibilisation à l’endroit des populations. Une manière de laisser le choix aux malades : choisir entre aller à la pharmacie, acheter cher et rester plus en vie, ou acheter les faux médicaments des rues et marchés à bas pris et mourir plus tôt. La responsabilité incombe aux clients.

Témoignages

Témoignage d’un malade sous traitement dialysé, Adam A : « 1 Million de FCFA au moins de dépense par mois »

« Je suis atteint de l’insuffisance rénale et je suis sous traitement depuis deux ans. Ma vie est devenue un calvaire, et c’est très difficile. Je souffre de déséquilibre permanent. C’est dire que je marche comme une personne saoulée, alors que je ne prends même pas une goutte d’alcool. J’ai suivi un traitement par dialyse, le lundi 12 octobre. Mais je ne me sens pas bien, et j’ai toujours le vertige. Malgré tous les traitements suivis, le déséquilibre est toujours là, et c’est pour cette raison que je suis venu voir encore le médécin pour qu’il me prescrive un médicament. Je n’ai plus d’argent, mais j’ai l’obligation de m’en detter pour soigner. En suivant rigoureusement le traitement, vous dépensez au moins 1 million de FCFA par mois. C’est vraiment difficile »

Major Rodrigue ONI, surveillant du service dialyse du Cnhu : « Les médicaments illicites sont l’une des causes de l’insuffisance rénale »

Dites nous, Major, ceux qui sont soumis aux séances de dialyse ? Roger ONI

Le service d’hémodialyse essaie de suppléer de façon artificielle à l’activité naturelle des reins. Ceux qui n’arrivent pas à uriner comme, il est convenu, tel que l’a fait le créateur sont pris en charge dans nos services. Nous avons deux séances de 5 heures par semaine, et 3 séances de 4 heures par semaine. Cela dépend de l’état du malade et des effets causals.

Quelles sont les causes de ces maladies qui nécessitent la dialyse ?

Les principales causes de l’insuffisance rénale, c’est l’hypertension artérielle, le diabète, la malformation congénitale et l’absorption anarchique des faux médicaments ou je préfère des médicaments illicites y compris les infusions.

Est-ce les faux médicaments qui causent les maladies de rein ?

Les reins constituent la voie d’élimination des médicaments. Les faux médicaments, que je préfère désigner « les médicaments illicites » Car, un médicament illicite est un produit qui échappe à la régulation, au contrôle, qui n’est pas prescrit par un spécialiste, qui n’est choisi que sur conseil d’un ami, c’est-à-dire l’automédication. Ces médicaments illicites intoxiquent les reins. Au début, on ne sent rien. C’est quand les deux tiers des reins sont atteints qu’on parle d’insuffisance rénale. Vous pouvez souffrir par exemple du paludisme qui, malgré le traitement, ne guérit pas. Les médicaments illicites sont dangeureux, intoxiquent les reins et provoquent l’insufissance rénale.

Quels rapports existent-t-il entre le diabète, l’hypertension et l’IR ?

L’hypertension mal gérée peut être assimilée à un marteau qui tape sur les reins. Le diabète, c’est l’excès du sucre dans le sang et cela fait le lit à plusieurs autres maladies. C’est donc plus de charge pour les reins qui finissent par être détériorés. Le drame, c’est que le mal ronge lentement les reins, sans que la personne ne s’en aperçoive. C’est quand les reins sont atteints au 2/3 que la personne se rend à l’hôpital. Malheureusement, en Afrique, on se rend dans un centre de santé quand le mal a atteint le seuil critique. Ce qui est une attitude déplorable.

Comment se fait le traitement ?

L’insuffisance rénale peut être aigüe ou chronique. Dans le cas de l’insuffisance rénale aigüe, son traitement par le néphrologue, c’est-à-dire le spécialiste en la matière conduit à la guérison, mais le malade est mis sous surveillance pour lui éviter la chute. Quant à l’insuffisance rénale chronique, la solution, c’est de soumettre le malade au traitement par dialyse. C’est un système artificiel pour épurer le sang. Cela se passe dans une bonne ambiance, sans douleur, contrairement à ce qui se dit. Le malade au cours de la séance de dialyse a le loisir de regarder la télévision, de discuter avec les infirmiers. Pour le traitement proprement dit, nous disposons des appareils appelés générateurs sur lesquels est fixé un dispositif constitué par exemple d’un rein artificiel appelé dialyseur et autres. Il faut dire que c’est un traitement qui fait appel à une grande aseptie.

Un malade au cours d’une discussion a confié qu’il souffre de déséqulibre après une séance de dialyse. Qu’en est-il exactement ?

Vous savez, l’insuffisance rénale fait le lit à plusieurs autres maladies. Une insuffisance rénale peut entraîner des problèmes cardiaques, des problèmes digestifs et autres. Mais, après une séance de dialyse bien conduite, le malade se sent en pleine forme. La seule particularité, c’est que les dialysés ont sérieusement faim. C’est pour cette raison qu’un cocktail leur est servi les deux premières heures de la dialyse. En plus, les malades doivent avoir une alimentation saine qui leur sera prescrite par le médecin



14/10/2009
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