LE NOUVEAU BENIN

ENTRETIEN AVEC LAURENT ASSOGBA, DIRECTEUR NATIONAL DE LA PROTECTION SANITAIRE : «Pour le moment, nous n’avons aucun cas de grippe porcine au Bénin»

Aucun cas de grippe porcine au Bénin pour le moment, selon Laurent Assogba
 
Source: L'Autre Quotidien du 30 Avril 2009
 
Auteur: Eléonore Djègui
Partie du Mexique le 13 avril 2009 date à laquelle les premiers cas ont été découverts, la grippe porcine continue de se propager. Néanmoins, aucun cas n’est découvert, pour l’instant, en Afrique. Actuellement au Bénin, des dispositions sont prises par le gouvernement afin de prévenir la survenue de cette maladie. Le directeur national de la protection sanitaire, donne des explications sur la grippe porcine et nous informe des mesures prises pour la prévenir.
 
Monsieur le directeur national de la protection sanitaire, l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique connaissent actuellement une épidémie de grippe porcine. Comment définissez-vous cette maladie qui déjà, fait des ravages dans les pays touchés et au Mexique en particulier?

   La grippe porcine est en fait la cause de la mutation du virus de la grippe aviaire. Actuellement la grippe porcine est due à un virus qui n’est plus le H1N1 mais plutôt une recombinaison d’une souche de la grippe aviaire, de deux souches de la grippe porcine et d’une souche de la grippe humaine. Cela fait donc une belle combinaison et j’ai bien l’habitude de l’appeler «le monstre à trois têtes».

    Comment se transmet-elle ?

   La grippe porcine est une maladie qui se transmet d’abord du porc à l’homme. Jusque-là, c’est ce que les chercheurs sont entrain d’identifier.

   Mais comment se fait cette transmission?

   Lorsqu’il y a un contact étroit entre l’homme et le porc infecté, il y a la possibilité de transmission. Le porc malade tousse, fait de la température, est enrhumé, maigri et devient apathique. Lorsque l’animal tousse ou éternue, il y a les particules virales qui sont rejetées dans l’air et l’éleveur qui se trouve très proche de l’animal peut être contaminé par ces particules virales.

   Maintenant, si l’homme est atteint quels sont les signes qu’il présente ?

   Au cas où l’homme est en contact de ces particules virales, l’incubation de la maladie dure 4 à 5 jours. Les signes principaux qu’il présente sont la toux, les difficultés respiratoires, la fièvre (parfois on a une fièvre qui va entre 38°7 et 39°), les douleurs au niveau des articulations et le rhume. Tout porte à croire que c’est justement les mêmes signes qu’une grippe humaine ordinaire. Mais la caractéristique de cette maladie est que, si ces signes sont retrouvés chez un éleveur de porc, cela peut faire penser à la grippe porcine. Il en est de même si la personne a séjourné dans les pays qui sont actuellement en épidémie tels que le Mexique, la Grande Bretagne, l’Inde, la Corée, l’Allemagne où nous venons d’avoir des cas … La grippe porcine est partie du Mexique où nous avons actuellement plus de152 décès. Elle est en train de s’étendre progressivement dans le pays. Le problème qui se pose cependant est qu’aucune nation n’est épargnée et c’est pour cela que nous sommes en train de prendre nos dispositions au niveau du Bénin.

   Quelles sont justement les dispositions prises par le gouvernement du Bénin ?

    Je peux déjà commencé par rassurer la population béninoise que nous n’avons aucun cas de grippe d’origine porcine au Bénin et en Afrique.

   Mais que faire pour prévenir la maladie ?

    Actuellement, la seule façon de se protéger, c’est d’éviter le contact avec l’être humain infecté et celui qui ne l’est pas. Nous sommes donc obligés de protéger les hommes en leur demandant de porter de masque. Ce masque couvre le nez et la bouche. Ainsi lorsqu’une personne qui est supposée malade éternue ou tousse les particules virales qui seront rejetées dans l’air ne pourront plus directement être inspirée par celle d’en face. Maintenant, nous avons pris les dispositions pour qu’au niveau de nos frontières, du port autonome, de l’aéroport de Cotonou et très prochainement au niveau des frontières terrestres, nous puissions avoir des attitudes de protection. Tout le personnel sanitaire, tous les douaniers, les policiers et les bagagistes de l’aéroport sont munis, dans leur ensemble, de masques et des gants pour pouvoir se protéger. Car, le fait de se frotter les yeux, de porter la main à la bouche peut favoriser cette contamination. De l’autre côté, nous avons estimé que les passagers qui arrivent de l’extérieur pour le Bénin peuvent être supposés comme étant des cas potentiels. Et pour cause nous ne connaissons pas leur itinéraire. Par conséquent nous prenons des dispositions afin d’éviter au policier qui réclame le passeport ou à l’infirmier qui demande le carnet de vaccination d’être contaminé directement. Nous avons un petit questionnaire que les infirmiers remplissent à l’aéroport pour demander la provenance du passager. Cela leur permet de voir si la personne ne présente pas quelques signes suspects. Si éventuellement le passager en signale, on lui prend sa température axiale pour voir si elle est élevée ou pas. Dans le cas où la température est élevée et que nous avons ces signes associés chez la personne venant de ces zones en épidémie, nous disons qu’il s’agit d’un cas probable de grippe porcine. Les dispositions sont prises pour que le nouveau bâtiment du Service médical des urgences du Centre national hospitalier et universitaire serve en partie à isoler le malade et à le traiter. En matière de traitement, le tamiflu (médicament utilisé pour traiter la grippe aviaire) sert heureusement à traiter aussi la grippe porcine.

   Quelles sont réellement les mesures prises à l’endroit des éleveurs de porcs en particulier?

   Ils sont déjà sensibilisés et la première réunion que le directeur de l’élevage, Christophe Monsia doit pouvoir tenir avec eux est de mieux les informer, les informer des dispositions à prendre. Mais il est clair que ceux qui sont en réelle promiscuité avec les porcs doivent être bien cagoulés, doivent porter des gants. Dès qu’ils finissent de leur donner à manger ils doivent se laver les mains convenablement et jeter les combinaisons qu’ils ont eu à porter. Cela leur permettra d’éviter de s’infecter éventuellement par ces porcs qui seraient malades. Pour le moment j’avoue que nous n’avons aucun cas de grippe porcine au Bénin. Je rassure aussi nos amis qui aiment manger la viande de porc de se tenir tranquille. Ce n’est pas en mangeant de cette viande qu’on se contamine. Lorsqu’elle est bien cuite, la viande est sans danger puisque le virus est détruit à 71°C .



30/04/2009
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