LE NOUVEAU BENIN

G13: Jeu de stratégie ou jeu d’acrobates ?

Source: L'Autre Quotidien du 22 Avril 2009

Auteur : Léon BRATHIER
Haro, sur le baudet ! C’est avec une unanime indignation que certains ont reçu les propos apparemment réconciliateurs avec le régime, qu’aurait tenus Rachidi Gbadamassi. Ils ont résonné comme un appel à enterrer la hache de guerre, déterrée contre le régime du changement depuis mars 2008, par une coalition frondeuse au parlement, qui ne cesse de rendre la vie dure à Boni Yayi, au président de l’Assemblée nationale et à la mouvance présidentielle, rendant le travail législatif et de contrôle de l’action gouvernementale symptomatiques d’une tension politique persistante. Des éléments du G13 seraient-ils prêts à retourner au bercail ? Tout est possible ! Mais il faut rester prudent quant aux déclarations sur le vif, de personnalités qui ont habitué le public à des prises de position qui varient, au gré des humeurs du moment , à chaque « bonne rencontre » avec le président de la république.. Les Béninois sont-ils surpris par de possibles mouvements de défection du G13 en direction de Fcbe ? Il faut comprendre qu’ils soient perturbés par l’instabilité des attitudes politiques. Dans leurs propos habituels, les plus éminents membres du G13, tentent toujours de faire croire à l’opinion publique, qu’ils ne sont pas des dissidents, qu’ils n’ont rien contre la personne de Boni Yayi et le Changement, qu’ils restent membres de la mouvance présidentielle. Tout juste, sont-ils mécontents de la façon dont le changement est géré mais surtout des engagements politiques pris par le régime, en guise de gages à leur soutien, et qui ne seraient pas remplis ; même si dans les faits, ils ont contribué à déstabiliser la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale, et certains ont même lancé un mot d’ordre, issu directement des sentiments émotionnels nés de la rencontre historique de Bohicon, traduit en un objectif politique : « changer de chauffeur en 2011 » Une attitude paradoxale, politiquement parlant, et que nous avions taxée de camouflage oppositionnel dans une récente analyse dans la rubrique OEil du maître du lundi 20 avril 2009.

    En fait, le paradoxe ne vient que de la logique qui soustend la position de certains leaders G et F, difficile parfois à comprendre. Si on devait rentrer dans leur logique, et si elle est porteuse de sincérité quant à leur attitude frondeuse au parlement, et parfois belliqueuse ces derniers mois par rapport à l’enjeu de 2011, on assimilerait leur attitude à une simple « grogne » de partisans qui se sont fâchés parce qu’ils s’estiment frustrés de la façon dont on les traite et des intérêts dont on les a privés. On analyserait dès lors, leurs propos désabusés ou menaçants, les comportements et les critiques tendant à abaisser le crédit du régime dans l’opinion, comme de simples surenchères pour amener « le grand frère » -comme dit souvent une personnalité de la mouvance- à appeler « ses petits frères » pour comprendre leurs frustrations et leur offrir ce qu’ils demandent afin de mettre fin à leur « turbulence ». De ce point de vue, les « petits frères » n’ont-ils pas été trop loin dans la grogne ? « Le grand frère » serait-il encore magnanime pour les ramener au bercail comme le lui conseillent certains politiciens expérimentés de la mouvance ? La politique est l’art du possible. Si des G ou des F passent à la mouvance, ils n’auront juste fait que le pas de l’enfant prodigue. Donc, ne nous étonnons de rien, même si aujourd’hui, le politiquement correct est de croire plus en des défections de Fcbe vers «l’opposition non déclarée » que dans le sens inverse. Cependant, ce qui vient compliquer énormément ce jeu d’acrobates-caractérisé par un contexte propice aux transhumances-c’est la perspective des élections couplées de 2011, au cours desquelles, il va falloir élire un président de la république et des représentants du peuple. Chacun pense déjà à ce qu’il deviendra, individuellement et politiquement, demain, et tente de négocier des bonnes positions pour revenir à l’Assemblée nationale en 2011. Confusion donc d’intérêts et des batailles. Dans cet environnement, les hommes politiques en général ont-ils encore le coeur à l’ouvrage de défense des intérêts collectifs ? On peut en douter. Aujourd’hui, c’est aujourd’hui, demain sera un autre jour…Il faut s’attendre à tous les retournements de situations, les plus probables comme les plus improbables, pour ne pas rester baba.



22/04/2009
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