LE NOUVEAU BENIN

Affaire Cen-Sad : YAYI veut aller jusqu’au bout (Les raisons du limogeage du ministre Noudégbessi)

 photo: Boni YAYI

Source: Aube Nouvelle du 13juillet 2009 

Le scabreux dossier de la Cen-Sad continue de défrayer la chronique. Bien que le rapport de l’Inspection générale de l’Etat (Ige) ne le mette pas directement en cause, le Président de la République a relevé de ses fonctions ,vendredi dernier, le ministre en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat, François Noudégbessi , dont le département a conduit le volet technique des travaux de la Cen-Sad. Par cette décision, Boni YAYI fait jouer ainsi la carte de la responsabilité en montrant aux Béninois sa bonne foi à faire toute la lumière sur ce gros scandale financier.

Par : Arsène AMETOYONA

Encore une tête qui tombe dans le dossier de la Cen-Sad. Il s’agit de celle du Ministre en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat, François Noudégbessi. En effet, vendredi dernier, le Président de la République, le docteur Boni YAYI l’a relevé de ses fonctions de membre du gouvernement. Dans le communiqué du Conseil des ministres rendu public dans ce cadre, cette décision forte prise en toute liberté par le Président de la République vise à permettre au Ministre François Gbénoukpo NOUDEGBESSI déchargé, de se tenir à la disposition de la Commission d’enquête indépendante pour la manifestation de la vérité. A priori, l’on pourrait penser que le Chef de l’Exécutif envoie à la potence un collaborateur que le rapport de l’Inspection générale de l’Etat ne met pas directement en cause dans ce dossier. Mais à analyser de très près, la décision de la Haute autorité traduit manifestement un acte de haute responsabilité de sa part en signifiant aux Béninois sa volonté de faire toute la lumière sur le scandale financier que constitue le dossier de la Cen-Sad. Qu’il vous souvienne qu’au lendemain de la publication du rapport de l’Ige par le gouvernement, rapport qui désignait l’ex ministre de l’Economie et des Finances Soulé Mana Lawani comme étant le principal mis en cause, des voix s’étaient élevées pour réclamer que toutes les personnalités impliquées dans le dossier fussent sanctionnées. Maître Adrien Houngbedji, au cours de sa sortie médiatique du jeudi dernier, a fait aussi de cette exigence son chou gras. D’autres encore avaient même nommément mis à l’index le ministre en charge de l’Urbanisme.

Cabale contre François Noudégbessi

Le déchaînement synchronisé contre le ministre François Noudégbessi autour du dossier de la Cen-Sad pourrait bien occulter un règlement de compte politique. Blanchi presque pas le rapport de l’Ige, la responsabilité du ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la lutte contre l’Erosion côtière n’apparaît que mineure en ce sens que son département n’a eu à conduire que la phase technique des travaux de réfection du Centre international des conférences de Cotonou et du Palais des congrès de la même ville. Le vice-président du Front des Organisations de la Société civile contre la Corruption (Fonac), Jean-Baptiste Elias est revenu largement sur ce dossier sur une émission de Golfe Télévision, jeudi dernier. Documents à l’appui, Jean-Baptiste Elias a démontré comment François Noudégbessi a été écarté du volet financier de ce dossier pour lequel l’expertise technique du département dont il avait la charge avait été requise. « Le ministre de l’Urbanisme n’a été associé au choix des entreprises qui ont montré par la suite leur incompétence dans la réfection des deux infrastructures supra évoquées. Seule la Direction de passation des marchés publics a conduit le reste de la procédure. Noudégbessi a même écrit à son homologue des Finances pour lui signifier son éviction de la procédure. Au cours de l’exécution des travaux, lors d’une de ses descentes sur les chantiers, le ministre de l’Urbanisme aurait constaté des anomalies par rapport auxquelles il aurait attiré l’attention des entreprises adjudicataires. On lui reproche de n’avoir pas saisi son chef hiérarchique alors qu’il était presque exclu du dossier », a expliqué le vice-président du Fonac. En des termes clairs, le rapport de l’Ige ne met pas directement en cause le ministre Noudégbessi. Pout toutes ces raisons, la cabale politique dirigée contre lui ne se comprend que par rapport à son positionnement politique et stratégique au sein de l’Exécutif, positionnement qui lui a permis de gagner les batailles électorales ces dernières années pour le compte du parti présidentiel, FCBE. D’une façon ou d’une autre, François Noudégbessi gêne dans la 20ème circonscription électorale (Avrankou, Adjohoun, Akpro-Missereté, Bonou et Dangbo). Boni YAYI a fait montre d’un courage politique exceptionnel en se séparant d’un tel collaborateur, malgré d’importantes situations atténuantes dont il bénéficie dans ce qu’il convient d’appeler Cen-Sad gate. En attendant que la nouvelle commission qui vient d’être mise en place apprécie tous les contours de ce dossier, il revient au ministre François Noudegbessi de se mettre à la disposition de celle-ci jusqu’à ce que la vérité apparaisse.



13/07/2009
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