LE NOUVEAU BENIN

Le Bénin profite de la proximité du Nigeria:

   Viviane Houénou Kaneho

Source: Les Afriques

Banques

Le relèvement du capital des banques au Nigeria contribue à l’afflux de banques au Benin, selon Mme Viviane Houenou Kaneho, directrice administrative et financière du ministère béninois de l’Economie et des Finances, également membre de la commission bancaire de l’UEMOA.

Par Robert Adandé, Cotonou

Les Afriques : Quel a été l’impact de la crise sur le système bancaire ouest-africain ?

Viviane Houénou Kaneho : Les banques de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ne sont pas tellement concernées par la crise. A un moment donné, on avait même dit que la crise n’était pas à nos portes. Cependant, même si de façon directe nous pourrions être à l’abri, les banques africaines commencent tout de même à en ressentir quelques contrecoups mineurs par le truchement de leurs économies nationales. On commence à observer de sérieuses réductions des exportations de nos produits qui constituent un pilier important des économies africaines. Concernant le Bénin par exemple, vu sa proximité avec le géant nigérian et le poids des échanges entre les deux pays, l’économie béninoise pourrait se ressentir de la baisse des exportations nigérianes.

« La banque UBA (United Bank for Africa) du Nigeria, qui a déjà acheté les actions de l’Etat béninois et de la BOAD (56,4%) dans la Continental Bank-Bénin, envisage de créer une holding à Cotonou. »

LA : Au plan national, comment se comporte le secteur bancaire béninois ?

VHK : Le secteur bancaire béninois est composé de douze banques et d’un établissement financier. Ils ne sont pas encore concernés par la crise financière. Ce pays n’ayant pas de grandes usines, c’est l’import-export qui en constitue les principales ressources. Nous avons quelques produits qui s’écoulent plus que d’autres, tels que le coton, l’anacarde et le bois… Or, avec la crise, les partenaires à l’étranger réduisent leurs commandes. Les banques étant fortement impliquées dans ces opérations, il peut y avoir quelques angoisses.

LA : La crise ne risque-t-elle pas de réfréner l’élan des banques qui envisagent de s’installer au Bénin ?

VHK : Absolument pas. D’ailleurs, de nombreuses demandes d’implantation demeurent. Du point de vue politique, le Bénin connaît une stabilité politique qui justifie l’engouement observé dans les demandes d’agrément d’institutions financières. Cet engouement, en particulier des Nigérianes et des Marocaines, s’explique par le relèvement du capital au Nigéria, qui est de loin plus important que celui appliqué au sein de l’espace UEMOA.

LA : Les banques de l’Union sont généralement des banques françaises. Faut-il craindre que leurs possibilités de financer l’économie de la région se ressentent de la crise des maisons mères ?

VHK : Non, puisque notre espace ne regorge pas tellement de banques françaises, à l’exception de la Société Générale qui, par exemple, a été récemment recapitalisée, ce qui rend ses filiales à l’abri d’éventuelles secousses. Le risque de crise est donc quasi inexistant.

LA : Les conditions d’agrément des banques ont été modifiées, notamment en ce qui concerne la capital. Qu’est-ce qui explique ce changement ?

VHK : Le Conseil des chefs d’Etats a décidé en 2007 du relèvement du capital des banques. C’est un processus qui se déroule en deux étapes : la première, dont l’échéance est la fin de cette année, consiste à élever le capital des banques à 5 milliards de FCFA (7,5 millions d’euros). A partir de 2010, elles devront viser le cap des 15 millions d’euros. En fait, le capital devait passer immédiatement à 15 millions d’euros, mais, puisque c’est un peu lourd en une seule étape, il a fallu scinder ce processus en deux échéances.

Par contre, toutes les banques qui n’étaient pas encore établies au moment de cette prise de décision, et qui envisagent de s’installer après cette réforme, devront réunir un capital de 15 millions d’euros. Pour les banques qui auront des difficultés à constituer ce capital, il existe l’alternative des rachats ou des fusions.

Cette augmentation du capital devra permettre aux banques de ne pas être faibles par rapport à leurs pairs des autres espaces bancaires. Au Nigeria, le capital est passé à 150 millions d’euros, ce qui explique que le nombre de ses banques soit passé de 110 à 25. Elles ont choisi l’option des fusions.

LA : Peut-on avoir une idée des futures banques que vous avez l’intention d’agréer ?

VHK : Pour des raisons de discrétion, nous ne sommes pas autorisés à le révéler. Ce que je peux vous dire, c’est que les demandes d’agrément sont nombreuses. La banque UBA (United Bank for Africa) du Nigeria, qui a déjà acheté les actions de l’Etat béninois et de la BOAD (56,4%) dans la Continental Bank-Bénin, envisage de créer une holding à Cotonou, pour s’investir par la suite dans le reste de la région. La Sky Bank également, qui existe déjà en Côte d’Ivoire, envisagerait de venir au Bénin dans un futur très proche.

 



22/04/2009
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres