LE NOUVEAU BENIN

Sans réaction après la sortie médiatique du chef de l’Etat: L’opposition étale ses carences

Source: La Nouvelle Tribune du 5 Août 2009

Celui qui a dit que les opposants au régime de Boni Yayi sont des comédiens et des incapables n’a pas tort. Ils  donnent  une nouvelle fois la preuve de leurs carences, en restant muets et à court d’arguments,  après la sortie médiatique du chef de l’Etat.
Les opposants ou soi-disant au régime de Boni Yayi portent bien leurs noms, pour se laisser appeler opposition non déclarée. S’ils refusent de se conformer au statut de l’opposition, alors qu’ils ne se donnent aucune peine pour exiger du pouvoir les textes qu’ils jugent appropriés, c’est parce qu’ils savent qu’ils n’ont pas les qualités requises  pour incarner une véritable opposition. D’où la question de savoir s’il existe vraiment une opposition au Bénin. Et la réponse est d’emblée non !

Le samedi dernier, le chef de l’Etat a accordé un entretien télévisé à la presse, au cours duquel il a abordé la plupart des questions brûlantes  de l’actualité : la Cen-sad, la marche interdite des syndicalistes, les partis politiques, la situation économique du pays et bien d’autres sujets. Mais à  ce jour, aucun membre de l’opposition ou  qui se réclame comme tel,  n’a cru devoir monter au créneau pour se prononcer sur les déclarations du premier magistrat du pays.  Cette absence de réaction prompte et spontanée au discours et à l’entretien  de Yayi  est la preuve irréfutable de l’inorganisation et de l’incapacité notoire de cette classe politique qui prétend travailler à l’alternance en 2011.

Si, dans bien des matières, la comparaison n’est pas permise entre l’Afrique et l’occident,  dans le domaine de l’animation de la vie politique et de la démocratie, on peut déplorer le fait que nos hommes politiques ne puissent  pas agir comme leurs homologues en Europe ou aux Etats-Unis.   Lorsque le président de la République fait une sortie médiatique, pour s’exprimer sur les grands sujets de la Nation,  c’est en fait  du grain à moudre pour  une opposition responsable. C’est pour elle une occasion rêvée pour mettre à nu ses insuffisances et les limites de son régime. Les différents sujets qu’il aborde sont alors scrupuleusement suivis  et  passés au peigne fin par des spécialistes, qui les décortiquent aussitôt après l’intervention du chef de l’Etat. Curieusement, après l’intervention de Boni Yayi,  tous ses opposants  ont choisi de garder leur langue dans leur poche. Ce qui signifie qu’ils ne s’étaient préparés pour ; ce qui laisse croire aussi qu’ils n’ont pas les personnes qu’il fallait pour  réagir convenablement aux déclarations du chef de l’Etat, relever les contrevérités, s’il y en a eu, et faire des propositions conséquentes, s’ils en avaient, bien entendu. C’est là une des faiblesses de la démocratie béninoise ; les partis sont nombreux, mais ils ne jouent pas convenablement leur rôle de prédilection, l’animation de la vie politique. Le chef de l’Etat a longuement abordé la question, en se référant à l’expérience ghanéenne, qu’il espère introduire dans le projet de révision de la constitution.  Qu’en pense l’opposition, dont plusieurs membres  ont pourtant des affinités avérées avec le pouvoir ?

Opposants le jour, mouvanciers la nuit

 En principe, une opposition digne de ce nom devrait  avoir de la bonne documentation sur un dossier comme la Cen-sad. Elle doit disposer dans son escarcelle de propositions alternatives sur des sujets tels que la réduction de la pauvreté, la politique de l’énergie électrique, la gestion de la crise économique et la privatisation des sociétés d’Etat. Elle devrait avoir préparé des spécialistes en chacune de ces matières pour  confronter la politique du gouvernement  et la vision qu’elle entend soumettre au peuple et  qu’elle estime censée lui apporter un mieux être.
Malheureusement ou heureusement, c’est selon,  de tout ce qui précède, il n’en a rien été. La classe politique s’est  révélée incapable d’occuper le terrain laissé libre par le pouvoir en place. La nature ayant horreur du vide, Yayi seul se donne le plaisir d’être omniprésent sur toutes les chaînes de télévision.   Et plus personne ne peut le lui reprocher  aujourd’hui. Ceux qui devraient être à même de faire la balance ont préféré donner leur langue au chat, donnant ainsi raison à ceux qui disent qu’ils font les opposants le jour, et la nuit deviennent des mouvanciers. Voilà qui  interpelle et qui fait constater, de ce fait, l’absence regrettable de véritables débats d’idées sur les problèmes de la Nation.  Les hommes politiques, au lieu de jouer la partition qui est la leur, préfèrent s’en remettre à la presse, qu’ils utilisent  à leur guise, pour commenter l’actualité à leur place, fuyant ainsi leurs responsabilités. Pourtant, c’est bien eux que le peuple béninois a élus.

Alain C. Assogba



05/08/2009
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