LE NOUVEAU BENIN

Vie du G4 : Les alliés sceptiques face à la déclaration de la Rb

Source: Le Matinal du 19 mai 2009

Faute de prises de position de la Renaissance du Bénin, le G4 est en proie à de monstres difficultés depuis quelques temps. Mais la dernière clarification de la Rb qui exprime avec détermination son appartenance à l’intergroupe, éclipse pour le moment toute idée de débâcle qui guettait le G4. Seulement les alliés sont sceptiques

Une crise de confiance secoue la coalition regroupant les plus grands partis de l’échiquier politique national. Cela est entretenu par le non respect de la parole donnée au sein du groupe des quatre, à savoir la Rb, le Prd, le Madep et le Psd. Du coup le contrat qui unit les parties prenantes est constamment violé par certains membres pour une raison ou pour une autre. De même, le groupe des quatre traînes un fardeau à travers les contradictions du passé qui jouent toujours contre l’esprit de cohésion et de franchise qui devrait caractériser cette coalition. On donnera raison à ceux qui, dès le lendemain du 12 mars 2008 ont souligné noir sur blanc que les partis représentés au sein du G4 n’ont pas fini de tirer un trait sur les contradictions du passé, leur inimité. Nicéphore Soglo à qui ceux qui sont dans le groupe ont refusé le second mandat en 1996 n’a pas encore totalement digéré ce « complot » ourdi contre sa personne. C’est le même schéma qui a dû se produire en 2001. En 2006, c’est au tour de Adrien Houngbédji de subir le même sort de la part de ceux qui sont avec lui aujourd’hui. Il s’agit des leaders du Madep, du Psd et de la Rb qui dans une dynamique appelée « Wologuèdè » ont décidé de soutenir Yayi Boni au second tour. Adrien Houngbédji n’a pas gagné leur confiance. En clair, par le passé chacun a su marquer le coup à l’autre. Mais depuis le 12 mars 2008 un autre climat est né entre les adversaires d’hier. Ils ont décidé de se mettre ensemble pour barrer la voie aux dérives du pouvoir en place. Ensuite, les 28 et 29 novembre à Abomey et à Bohicon, ils ont élargi le groupe à d’autres forces politiques, comme les Forces Clé et le G13. Le mémorandum qui en est sorti est suffisant édifiant. Il y a mal gouvernance et « il faut changer le chauffeur en 2011 ».

Fausse entente

Mais avant de parler d’une alternance en 2011, les acteurs du 12 mars, cheville ouvrière des assises de Bohicon et d’Abomey avec la Rb, qui en a pris une part active, n’ont pas eu le temps de faire complètement table rase du passé. Ce qui fait que le mal qui est fait à Nicéphore Soglo se décline en arguments servis par un clan de la Rb pour justifier les volte-face du parti. Le député Epiphane Quenum s’est parfaitement illustré dans cet exercice à plusieurs reprises. Entre Janvier et Février, son discours est axé sur ce passé. Chose curieuse, les plus hauts responsables du parti n’ont pas cherché à le ramener à l’ordre pour éviter que ces propos remettent en cause la cohésion et l’esprit du mouvement unitaire né des deux importants rendez-vous de l’histoire cités supra. Aucun d’euxAucun d’eux n’a daigné prendre ses responsabilités pour dire le danger que constitue cette stratégie de remuer le couteau dans les plaies du passé. Or l’opinion publique a cru qu’en étant l’inspirateur de la rencontre du 12 mars 2008 et des 28 et 29 novembre, la Rb et ses dirigeants allaient montrer le bon exemple et se comporter comme une famille qui sait pardonner. Pardonner à Adrien Houngbédji, à Bruno Amoussou, à Séfou Fagbohoun, Issa Salifou et consorts. La suite des évènements montre que la rancœur continue d’animer l’esprit d’une partie des « houézèhouè ». Aussi certains cadres du parti pensent que le comportement de certains députés a des relents de vengeance. Et, ils épousent clairement les points de vue des élus du peuple. La cacophonie à laquelle on assiste aujourd’hui au sein du G4 et pour laquelle on accuse la Rb tire une partie de sa source des évènements du passé. Si le porte parole de la Rb a souvent répété que le parti n’a de leçon à recevoir de personne, il s’adresse aux autres membres du G4. Il ne dit pas autre chose, si ce n’est pour leur rappeler que c’était leur tour de les poignarder dans le dos. Aujourd’hui c’est la leur. Cette façon de voir les choses amène à relever que la Rb signataire de la déclaration du 12 mars savait où elle allait. Si ensemble, ils ont pu dire tout cela et qu’en novembre ils ont décidé de s’unir pour faire la Nation, c’est laisser croire que c’est l’avenir qui compte désormais. Cette perspective est perturbée malheureusement par les comportements des membres du parti de l’ancien président de la République, Nicéphore Soglo. Son épouse et présidente du parti, Rosine Vieyra serait-elle dépassée par les choses au point de ne pas taper du point sur la table pour que cesse cette pagaille ? Serait-elle dépassée par les évènements ? La dame de fer a-t-elle perdu son caractère qui fait d’elle une femme hors pair ? Au-delà de ces interrogations, reconnaissons tout de même qu’à chaque sortie médiatique pour rassurer les partenaires du G4 et l’opinion publique qui préfère voir le parti dans le rôle d’opposant, elle a toujours tenté de lever l’équivoque, affirmant que les mots traîtrise et trahison n’existent pas dans le vocabulaire de la Rb. Or pour les alliés de l’intergroupe, ce qui se passe à l’Assemblée ne peut être qualifié que par ces deux mots. D’où la nécessité de s’interroger sur la sincérité des déclarations faites et des décisions prises dans ce parti ces derniers temps.

La sincérité du communiqué remise en cause

Sur les mêmes problèmes, le parti est déjà intervenu à maintes reprises pour démentir l’impression que les gens ont de lui. Les termes des déclarations lues ne changent pas pour autant. Mais le constat est que dans les comportements rien ne change à l’Assemblée nationale. Les députés Rb continuent de surprendre leurs amis. S’il faut croire à la sincérité du contenu du dernier communiqué rendu public par la formation politique, il faut s’attendre à un autre changement de comportement. Or si l’on veut imposer la discipline de groupe à certains députés, il est certain que c’est une manière de leur montrer la porte de sortie. Dans ce cas, il ne serait pas exagéré de prédire que plusieurs départs sont en vue à la Rb, par conséquent du G4. Car les conséquences du communiqué en date du 12 mai 2009 seront à la fois fâcheuses et bénéfiques pour l’intergroupe. Il devra s’attendre à ce que la Rb se repositionne comme un bon élève qui travaillera dans la discipline de groupe pour faire valoir à l’hémicycle son poids aux côtés de ses alliés. Ça va sans doute bouleverser les donnes dans la mesure où deux députés ont déjà fait leurs valises pour atterrir dans le camp de la mouvance présidentielle. S’ils mettent en exécution leur intention, on risque d’enregistrer deux départs de la Rb à savoir Epiphane Quenum et Justine Chodaton. Ils sont d’ailleurs surveillés comme du lait sur le feu. Si l’on doit faire foi à certaines indiscrétions, les députés qui ne vont plus observer la discipline de groupe seront exclus, ou virés, selon les propos d’un haut responsable du parti. C’est dire que, si la présidente Rosine Soglo n’a pas pu prendre certaines décisions, d’autres qui sont appelés à prendre les rênes de la Rb vont ramener la discipline. Comme sur d’autres questions préoccupantes, le G4 espère que la situation va se stabiliser dans la maison de son allié et il pourra mieux défendre ses intérêts. Seulement, tous les autres membres veulent demeurer comme des St Thomas avant de donner du crédit aux intentions qu’affichent de nouveau, les responsables du parti.

La retraite de « Maman »

Que reste-t-il encore de la présidente de la Rb pour imprimer une nouvelle vie à la famille « houézèhouè » ? Tantôt au pays tantôt à l’extérieur, Rosine Soglo doit consacrer une partie de son temps à un traitement clinique et l’autre partie à sa famille et à l’Assemblée nationale. En réalité elle n’est plus très apte à défendre comme par le passé les intérêts de la Rb. Elle n’a plus ce temps et elle manque d’énergie pour aller au front. Beaucoup de militants estiment que si sa santé ne l’avait pas précipitée dans la vieillesse et que si le poids de l’âge ne pesait pas sur elle, beaucoup de combats politiques perdus par la Rb auraient tourné simplement à l’avantage du parti. L’exemple le plus pathétique, c’est la mairie d’Abomey-Calavi qui a échappé aux renaissants bien que disposant du plus grand nombre de conseillers communaux. Pendant que le chef de l’Etat se battait pour contrôler la plus grande cité dortoir du Bénin, la présidente de la Rb était absente du territoire national. Léhadi Soglo étant absent également pour avoir fait un déplacement à la Mecque, il n’y avait plus personne pour affronter le pouvoir et tenir bon. Le porte parole Epiphane Quenum encore attaché aux idéaux de la Rb, le secrétaire général Georges Bada qui jouit d’une très grande influence dans la cité sont passés à la trappe. Comme on peut s’en rendre compte, la Rb n’est plus cette formation qui fait peur. « Maman » se rapproche de sa retraite politique, Nicéphore Soglo, maire de Cotonou et ancien président de la République n’a plus rien à perdre, le tonitruant Epiphane Quenum qui donné sa langue au chat, Georges Bada, qu’on trouve un peu timoré, tout cela joue désormais sur la visibilité du parti. Gardons d’en rajouter la polémique « Galiou Soglo » à cette longue liste de faits qui rendent la Rb malade depuis quelques temps, maladie qui affecte le G4. Une série de problèmes à régler, afin que le soleil levant retrouve tout son éclat. Alors l’une des hypothèses qui courent toutes les lèvres c’est que « Maman » se retire de la scène politique. A partir de quel moment ? Si c’est maintenant, c’est une mauvaise option, car, sa retraite politique signifie son départ de l’Assemblée nationale pour laisser sa place à Galiou Soglo, son suppléant. L’actuel ministre de la culture pourrait rejoindre ainsi le Parlement si la présidente de la Rb le veut. Le cadet de la famille Soglo, il compte bien finir le mandat entamé par sa maman au cas où il ne fera plus partie du gouvernement. Un schéma qui n’arrange ni le parti, ni le G4. Cela est d’autant plus justifié que le ministre Galiou Soglo n’a jamais voulu que la Rb reste dans l’opposition. On comprend qu’au cas où Rosine Soglo décidera de jeter l’éponge, le parti sera en proie à d’autres menaces. De même, si la retraite politique de la présidente n’est pas au programme, il va sans dire que la Rb ne pourra pas faire à la lettre le jeu du G4, comme le souhaite Léhadi Soglo. S’il veut prendre le devant des choses, ce n’est pas au moment où Rosine Soglo est toujours à l’Assemblée. L’opinion publique le voit mal contraindre la présidente à suivre la ligne indiquée par les autres alliés Me Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou et Séfou Fagbohoun qu’on retrouve au sein du G4 et de l’Assemblée nationale comme des leaders capables de dessiner l’avenir de l’intergroupe. C’est pourquoi on se demande la suite réservée au dernier communiqué de la Rb signée de sa présidente Rosine Soglo. Lequel communiqué montre à souhait une certaine volonté de Léhadi Soglo de changer les choses afin de jouer au mieux sa partition au sein de l’intergroupe au risque d’être disqualifié d’office pour être le candidat unique du G4.

FN

Moukaram Badarou : Sg / Prd

« Ce n’est pas le premier communiqué. Il y a déjà deux ou trois décisions qui ont affirmé leur appartenance au G4 et leur refus d’aller au gouvernement. Mais dans la suite des évènements il n’y a pas eu du concret. Pour ce qui vient d’être décidé au sein du parti de la Renaissance du Bénin, le reste du groupe reste serein. Ce qui nous rassemble, ce sont les données fondamentales sur la bonne marche de la démocratie. Je crois que l’opinion publique et les différents partis se rendent compte de ce qui se passe. Nous de notre côté nous allons rester soudés. C’est le souhait de tout le monde que la Rb soit dans la même dynamique. Mais s’il y a eu plusieurs communiqués alors que dans la pratique les choses n’ont pas respecté l’esprit du texte. Avec le temps on va juger, car ce n’est qu’aux actes qu’on jugera de leur bonne foi. Nous attendons de voir ce qui va se passer dans les jours à venir et pour le reste du temps. Au Prd comme dans les autres formations politiques signataires des différents actes qui consacrent notre regroupement, nous pensons que le temps n’est pas de croire ou de ne pas croire à la sincérité de notre allié. Nous voulons croire que ce qui se passe n’est que passager et que les choses reviendront à la normale. C’est notre souhait le plus ardent pour la consolidation du groupe. »

Christian Sossouhounto

« C’est une décision qui émane du bureau politique nationale de la Renaissance du Bénin. On en est arrivé à cette décision suite à un débat d’idées à l’issue duquel la majorité s’est prononcée pour que le parti demeure actif dans le G4 et qu’il œuvre pour la cohésion de l’intergroupe. A partir de ce moment, je crois qu’il n’y a plus de débat à faire sur la position de la Rb. Le communiqué est suffisamment explicite. Il exprime la tendance de la majorité et selon le principe de discipline à la Rb, tout le monde se plie. Nous venons de démontrer à l’opinion publique et à nos alliés que le parti reste collé à l’esprit de la déclaration du 12 mars 2008 et des conclusions des assises des 28 et 29 novembre de la même année. Par rapport à certains comportements observés à l’Assemblée nationale, la présidente Rosine Vieyra Soglo a largement expliqué un certain nombre de choses concernant la député Justine Chodaton. Nous croyons que les choses vont changer et la cohésion reviendra au sein de la Rb et du G4. C’est un impératif catégorique que la présidente partage dans la mesure où elle-même a dit que si c’est ma majorité qui le décide, elle se plie. Il n’y a donc pas à se poser des questions embarrassantes sur la suite du communiqué et par conséquent des comportements de la Rb au sein du G4. Rien n’est statique, c’est les débats d’idées qui font que les choses évoluent dans le parti. C’est la preuve de la vitalité qui le caractérise ».

Raphaël Akotègnon, député Prd

« C’est mentir que de ne pas reconnaître qu’il y a une perturbation. Mais ce n’est qu’une vague ça va se calmer. Le G4 traîne un fardeau constitué par les hésitations d’un de ses membres ; notamment la Renaissance du Bénin (Rb) qui semble ne pas se décider. Depuis le vote du budget 2009, la Rb a obligé l’intergroupe à tempérer ses ardeurs. On pensait que c’était juste un moment de réflexion passager mais jusque-là ça traîne. Et on constate que la Rb semble ne plus être dans la même dynamique. On en prend acte mais cela ne diminue en rien notre volonté d’aller de l’avant dans une dynamique unitaire. Au cours de plusieurs réunions la question a été posée et la Rb nous a répondu de patienter afin qu’elle règle les perturbations internes au parti. Après, les choses iraient normalement. Mais ça fait 4 ou 5 mois que ça dure et nous n’entendons plus nous laisser prendre en otage. »



19/05/2009
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