Plein phare sur les députés Fcbe du « Sursaut patriotique » : Que pèsent-ils réellement ?
Source: Aube Nouvelle du 18 Novembre 2009 L’abstention de 8 députés du groupe parlementaire « Sursaut Patriotique » le jeudi dernier, lors de l’examen du rapport d’activités du président de l’Assemblée nationale, Mathurin Coffi Nago, a fini de convaincre qu’il y a un véritable malaise au sein de la mouvance présidentielle. Elus pour la plupart sur la liste présidentielle en 2007, l’opinion se demande ce que pourront ces 08 parlementaires Fcbe en 2011 sans le soutien du patron de la mouvance qu’est le Chef de l’Etat, Boni Yayi. C’est à cet exercice que nous allons nous livrer. Plein phare sur le Groupe « Sursaut patriotique » Par : Edgar GNIMAVO Si le rapport d’activités du président de l’Assemblée nationale a été rejeté une énième fois le jeudi dernier, c’est surtout à cause de l’abstention des 8 députés FCBE et non à cause du vote négatif des 39 députés de l’opposition. Un petit calcul fait et on se rend compte que si ces 8 députés s’étaient associés aux 33 autres qui ont approuvé ce rapport, cela aurait donné une majorité de 41 voix pour le camp présidentiel ; ce qui aurait été suffisant pour sauver le Président Nago. Mais, les députés du groupe parlementaire « Sursaut Patriotique » ont préféré s’abstenir pour des raisons purement politiques car, à les entendre, ils ne reprochent rien au rapport d’activités. Pour les quelques députés rencontrés, leur abstention est leur manière à eux de dénoncer la mauvaise gestion politique qui est faite du Parlement par le président Nago. Sur ce plan, ils disent rejoindre leurs collègues de l’opposition qui n’ont jamais cessé de demander à Mathurin Nago de faire l’effort d’être le président de tous les députés et non le président des députés de la mouvance présidentielle. L’autre raison qui a motivé leur attitude du jeudi dernier est leur avenir politique. En effet, lorsqu’un homme politique proche du pouvoir est influent dans sa localité, le pouvoir l’aide à l’être davantage en le soutenant sur tous les plans. Malheureusement, ils constatent le contraire sous le régime du changement. Selon eux, on cherche plutôt à les affaiblir et à les détruire politiquement en finançant leurs rivaux politiques de la même famille politique. Craignant ainsi pour leur avenir politique, ils ont profité du vote du rapport d’activités du président de l’Assemblée nationale, pour signifier au Chef de l’Etat qu’un malaise vicie l’atmosphère au sein de la mouvance, où certains sont de plus en plus marginalisés. Mais, pourront-ils se faire réélire en 2011 si éventuellement le Président Boni Yayi se décidait à ne plus leur faire confiance en ne les positionnant pas sur la liste FCBE ? André Dassoundo Elu député sur la liste FCBE dans la 9ème circonscription électorale regroupant les communes de Dassa-Zoumé, de Savalou et Bantè, ce médecin de formation a été élu vice-président de la 5ème législature avec la bénédiction du Chef de l’Etat, le Docteur Boni Yayi. C’est vrai que l’honorable Dassoundo n’est pas à sa première expérience au Parlement. Il a été élu député pour la première fois sous la bannière du Fades, le parti créé par l’ancien ministre Joseph Sourou Attin. Cette fois-ci, il siège au nom de la liste présidentielle, les Fcbe qu’il a commencé à bouder depuis un certain temps. Conséquence, André Dassoundo a pris ses distances d’avec le Fades pour créer sa propre formation politique dénommée Pseed. Dans cette nouvelle aventure politique solitaire, le 1er vice-président devra se battre farouchement au cas où il n’était positionné sur la liste Cauris pour les prochaines élections législatives. Quand on sait qu’à Dassa-Zoumé, il y a des personnalités politiques dévouées au Chef de l’Etat et qui peuvent lui ravir sa place, on se demande s’il peut revenir encore à l’Assemblée nationale, même avec son parti créé, il y a quelques mois. Dans le cas contraire, il devra payer pour son jeu politique actuel. C’est-à-dire un pied dans la mouvance et l’autre dans l’opposition. Denis Oba Chabi Siégeant comme député pour la première fois à l’Assemblée nationale en remplacement de Félicien Chabi Zacharie, l’honorable Denis Oba Chabi est élu sur la liste Fcbe dans la 10ème circonscription électorale qui regroupe Glazoué, Ouèssè et Savè. Le Président Boni Yayi est si populaire dans la localité de Savè et compte tellement de soutiens qu’on se demande comment Oba Chabi peut retrouver son siège à l’hémicycle en 2011 si n’arrivait pas à être reconduit sur la liste présidentielle. Et ce n’est pas son Cap-Suru qui va le sauver. Edgard Charlemagne Allia Elu député pour la première fois à l’Assemblée nationale sur la liste Fcbe dans la 9ème circonscription électorale regroupant les communes de Bantè, de Dassa-Zoumé et de Savalou, Edgard Allia a été nommé ministre de l’Intérieur dans le premier gouvernement de Boni Yayi. Malheureusement, l’ancien collaborateur du Président de la République est devenu aujourd’hui un farouche opposant à son ex- mentor. Seulement voilà, parmi les députés FCBE qui boudent Yayi, le cas de l’honorable Allia est préoccupant pour la simple raison que dans la commune de Savalou, beaucoup de personnalités et pas des moindres se bousculent au portillon et le moment venu, le Président de la République aura même l’embarras de choix. Il est encore temps qu’il rentre dans les rangs sinon il peut dire adieu à sa carrière politique. D’ailleurs, les populations n’hésiteront pas à le lyncher s’il lui arrivait de venir critiquer Boni Yayi qui l’a pourtant fait. Ce faisant, son « Echelle », au lieu de l’aider à atteindre le sommet, va plutôt précipiter sa descente aux enfers. Janvier Yahouédéhou Elu député sur la liste Fcbe pour la première fois dans la 24ème circonscription électorale réunissant les communes de Covè, de Ouinhi et de Zagnanado, ce candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2006 ne voit pas d’un bon œil qu’il soit relégué aux oubliettes au profit d’autres personnalités de la région Agonlin, aujourd’hui très proches du Chef de l’Etat. Il s’agit notamment de Natondé Aké, Pdg de la Haute école de commerce et de management (Hecm). C’est pourquoi, il ne rate aucune occasion pour critiquer le régime en place. La dernière en date, c’est sa sortie sur un prétendu octroi d’un tracteur usagé à sa commune. Mais, le jeu auquel il se livre risque de lui être préjudiciable en 2011, étant entendu qu’il n’a même pas un parti politique. Donc, si Boni Yayi le lâche, il est politiquement enterré. 2011 étant encore loin, il peut toujours se raviser. Samou Adambi Séidou Les griefs du député de Parakou, élu pour la première fois sur la liste Fcbe dans la 8ème circonscription électorale qui regroupe N’Dali, Parakou, Pèrèrè et Tchaourou, sont connus de tous. Sam Adambi ne supporte pas le fait que ce soit son adversaire politique juré, le député Rachidi Gbadamassi qui soit aujourd’hui l’enfant chéri de Boni Yayi à qui le Premier Magistrat donnerait les moyens pour le combattre sur le terrain. Fâché, il est allé créer le Rdi-Anfani qui a déjà enregistré des défections. Il n’est en effet un secret pour personne que Samou Adambi doit son ascension politique à Boni Yayi. Donc, combattre ce dernier, ressemble fort bien à de l’ingratitude et il pourrait le payer cher. En tout cas, nous sommes en politique qui a sa logique. Le malheur de Sam Adambi vient du fait que son fief politique se trouve être celui du Chef de l’Etat lui-même. Sam n’étant Gbadamassi, il est fort à craindre qu’il ne se casse la figure en voulant combattre Boni Yayi dans la 8ème circonscription électorale. Dans ce cas, il mettra fin à sa carrière politique. Eloi Aho Député élu sur la liste Fcbe dans la 23ème circonscription électorale qui regroupe les communes d’Abomey, d’Agbangnizoun, de Bohicon et de Djidja, Eloi Aho qui est à sa première expérience parlementaire, ne voit pas d’un bon œil non plus que plus de moyens soient donnés à son collègue Kindjanhoundé, un transfuge de la Rb, qui passe aujourd’hui pour être le plus sûr partisan de Boni Yayi dans le Zou. Tantôt, on l’annonce pour être parti des Fcbe, la minute d’après, il dément. De guerre lasse, il est allé créer récemment son parti politique. De toutes les manières, il fera les frais de son instabilité politique, lui qui est aussi un transfuge de la Rb. Luc da Matha Sant’Anna Inconnu dans le sérail politique, il a fallu Boni Yayi pour que cet ancien directeur général de la Sbee soit élu député, sur la liste Fcbe, pour la première fois à l’Assemblée nationale dans la 6ème circonscription électorale regroupant les communes d’Abomey-Calavi, de Sô-Ava et de Zê. Ce député habitant Godomey s’apprête selon des sources dignes de foi, à créer un parti politique. Pour en faire quoi ? Rendez-vous en 2011, car voilà un cas atypique de suivisme en politique. Bio Bagou Orou Yarou Réélu à l’Assemblée nationale, il l’a été sur la liste Coalition pour un Bénin émergent(Cbe) dans la 2ème circonscription électorale constituée des communes de Banikoara, de Gogounou et de Ségbana. S’il a été élu sans la bénédiction de Boni Yayi, ce n’est pas évident qu’il s’en sorte pour les législatives de 2011 parce que sa circonscription électorale vibre aux couleurs du changement. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a vite intégré un groupe parlementaire Fcbe pour ne pas être en déphasage avec ses électeurs. Maintenant qu’il décide d’aller contre la volonté de ses mandants, quel sort ceux-ci lui réserveront-ils ? Réponse en 2011. Eu égard à tout ce qui précède, le Président Boni Yayi a toutes les cartes en main et l’avenir politique de ces députés dépend aussi de lui. Sachant que la plupart de ces députés ont été faits par Boni Yayi, il est à craindre pour leur destin politique si tant est que le divorce politique doit être consommé entre eux et le Chef de l’Etat. Le cas de la RB est là pour les édifier. On se rappelle que toutes les personnalités politiques qui ont eu à tourner dos au parti présidentiel de Nicéphore Soglo et qui n’ont pas été positionnées sur la liste de la RB lors des législatives, ont tout simplement mordu la poussière. Tous ont été enterrés politiquement. Il a fallu l’avènement du changement avec Boni Yayi pour que la majorité d’entre eux se refassent une carrière politique. Les 8 députés FCBE veulent-ils subir le même sort ?